Suicide assisté : les dérives du CNCPH

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Alors que nombre de personnes handicapées craignent les effets, sur les personnes handicapées, du projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et sur la fin de vie, le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) regrette qu’elle n’aille pas assez loin car elle exclue de son champ d’application les personnes mineures et les personnes handicapées qui ne peuvent pas s’exprimer.

Extrait de l'avis du CNCPH : "Ce projet de loi a pour objectif de permettre à toute personne majeure dont le
consentement est « libre et éclairé » de recourir, si elle le souhaite, à l'aide active à mourir
ou d'être accompagnée pour mettre en place un protocole de soins d'accompagnement.
La commission salue l'avancée décisive que représente ce projet de loi qui comble un vide
juridique mais qui reste encore trop restrictif et exclut de son champ d'application de
nombreuses personnes, tout particulièrement les personnes handicapées et les personnes
mineures dont certaines manifestent le souhait d'avoir recours à l'aide active à mourir.
Il importe de souligner que cette loi conduirait à un changement de paradigme où l'aide
active à mourir devient une réalité. C'est donc toute la population qu'il va falloir
« éduquer » et informer pour que chacun puisse s'approprier cette possibilité et faire ses
propres choix."

Le CNCPH était censé mieux représenter les personnes handicapées pour sa nouvelle mandature, entamée en 2023. En fait, il manque la moitié des membres au collège des personnes handicapées. Conséquence : l’avis du CNCPH ne reflète pas du tout l’avis des personnes handicapées. Si vous voulez l’avis de personnes handicapées sur la loi sur la fin de vie, suivez par exemple Elisa Rojas, Elena Chamorro, Celinextenso, Odile Maurin ou lisez ce post de Louis Bouffard

Le saviez-vous ? Selon une étude faite dans l’Oregon (qui a déjà instauré l’aide à mourir), la première raison qui pousse les personnes à demander le suicide assisté (93%), c’est la solitude, le sentiment d’être un poids pour la société et pour sa famille. Comme le dit Alexis Burnod, médecin en chef des soins palliatifs à l’Institut Curie: “ça en dit long quand même. Qu’est-ce que la société dit à tous ces gens qui sont handicapés, vulnérables ou autres ?”

À force de faire comprendre aux personnes handicapées qu’elles sont un poids pour la société, il en résultera une pression sociale pour qu’elles demandent l’euthanasie. Un tribune rédigée par 110 personnes handicapées, malades ou âgées alertait dès 2023 (preuve encore que la position prise par le CNCPH n’est pas représentative des personnes handicapées) :

Légaliser l’euthanasie, c’est suggérer que nos vies, parce qu’elles sont limitées physiquement et souvent douloureuses, sont un poids, inutile. Et nous refusons la légalisation d’un droit de mourir à la demande, parce qu’il finira par s’imposer à nous comme un devoir de mourir.

Tribune collective : Euthanasie: «Quand nous souffrons, rassurez-nous, soulagez-nous, retenez-nous»

Cette pression sociale envers les personnes handicapées pour qu’elles “choisissent” de mourir est déjà à l’oeuvre avant même que la loi soit votée et promulguée puisqu’un député a trouvé urgent qu’elle puisse être expliquée, en Facile à Lire et à Comprendre (FALC), aux personnes ayant une déficience intellectuelle.

Pire encore, petit à petit, on prépare la société à admettre qu’il est acceptable de mettre fin à la vie d’enfants handicapés, par exemple en diffusant des films tels que « Tu ne tueras point » .

Autre motif d’effroi : le retour en force de la communication facilitée, renommée RPM (Rapid Prompting Method) qui consiste à « faire s’exprimer » une personne handicapée non verbale par écrit, avec un aidant. En fait c’est l’aidant qui s’exprime ! Nombre de personnes (y compris des professionnels) accordent du crédit au RPM. Une chaîne TV a même mis à l’honneur à une heure de grande écoute une personne autiste qui écrirait soi-disant des poèmes avec cette méthode. Le CNCPH, en demandant que le suicide assisté soit ouvert aux personnes handicapées qui sont empêchées de s’exprimer, ouvre la voie aux manipulations. Un aidant pourrait faire dire, via la communication facilitée / RPM, à une personne handicapée qu’elle veut mourir.

Pour mémoire, TouPI a démissionné du CNCPH fin 2023. Cette dérive ne fait que nous conforter dans notre choix.