Alors que nombre de personnes handicapées craignent les effets, sur les personnes handicapées, du projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et sur la fin de vie, le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) regrette qu’elle n’aille pas assez loin car elle exclue de son champ d’application les personnes mineures et les personnes handicapées qui ne peuvent pas s’exprimer.
Le CNCPH était censé mieux représenter les personnes handicapées pour sa nouvelle mandature, entamée en 2023. En fait, il manque la moitié des membres au collège des personnes handicapées. Conséquence : l’avis du CNCPH ne reflète pas du tout l’avis des personnes handicapées. Si vous voulez l’avis de personnes handicapées sur la loi sur la fin de vie, suivez par exemple Elisa Rojas, Elena Chamorro, Celinextenso, Odile Maurin ou lisez ce post de Louis Bouffard.
Votre vie est NULLE ? Macron vous propose de MOURIR https://t.co/k3ChdgMIst
Pour comprendre pourquoi je suis pour le droit de mourir dans la dignité mais contre le projet de loi fin de vie que je qualifie d’eugéniste et très dangereux— Odile MAURIN (@odile31) May 31, 2024
Le saviez-vous ? Selon une étude faite dans l’Oregon (qui a déjà instauré l’aide à mourir), la première raison qui pousse les personnes à demander le suicide assisté (93%), c’est la solitude, le sentiment d’être un poids pour la société et pour sa famille. Comme le dit Alexis Burnod, médecin en chef des soins palliatifs à l’Institut Curie: “ça en dit long quand même. Qu’est-ce que la société dit à tous ces gens qui sont handicapés, vulnérables ou autres ?”
À force de faire comprendre aux personnes handicapées qu’elles sont un poids pour la société, il en résultera une pression sociale pour qu’elles demandent l’euthanasie. Un tribune rédigée par 110 personnes handicapées, malades ou âgées alertait dès 2023 (preuve encore que la position prise par le CNCPH n’est pas représentative des personnes handicapées) :
Légaliser l’euthanasie, c’est suggérer que nos vies, parce qu’elles sont limitées physiquement et souvent douloureuses, sont un poids, inutile. Et nous refusons la légalisation d’un droit de mourir à la demande, parce qu’il finira par s’imposer à nous comme un devoir de mourir.
Tribune collective : Euthanasie: «Quand nous souffrons, rassurez-nous, soulagez-nous, retenez-nous»
Cette pression sociale envers les personnes handicapées pour qu’elles “choisissent” de mourir est déjà à l’oeuvre avant même que la loi soit votée et promulguée puisqu’un député a trouvé urgent qu’elle puisse être expliquée, en Facile à Lire et à Comprendre (FALC), aux personnes ayant une déficience intellectuelle.
#Handicap Se féliciter de l’#accessibilité des “soins” pour l’ #Euthanasie et le #SuicideAssiste? Et celle des soins pour vivre, on est où? Dites, les livrets de prévention du suicide sont en #FALC aussi? Votre amendement reflète st le public cible du projet de loi q vs défendez. https://t.co/PlexNH57dQ
— ElenaChamorro5 (@Chamorro5Elena) May 30, 2024
Pire encore, petit à petit, on prépare la société à admettre qu’il est acceptable de mettre fin à la vie d’enfants handicapés, par exemple en diffusant des films tels que « Tu ne tueras point » .
Autre motif d’effroi : le retour en force de la communication facilitée, renommée RPM (Rapid Prompting Method) qui consiste à « faire s’exprimer » une personne handicapée non verbale par écrit, avec un aidant. En fait c’est l’aidant qui s’exprime ! Nombre de personnes (y compris des professionnels) accordent du crédit au RPM. Une chaîne TV a même mis à l’honneur à une heure de grande écoute une personne autiste qui écrirait soi-disant des poèmes avec cette méthode. Le CNCPH, en demandant que le suicide assisté soit ouvert aux personnes handicapées qui sont empêchées de s’exprimer, ouvre la voie aux manipulations. Un aidant pourrait faire dire, via la communication facilitée / RPM, à une personne handicapée qu’elle veut mourir.
Pour mémoire, TouPI a démissionné du CNCPH fin 2023. Cette dérive ne fait que nous conforter dans notre choix.